Ambiente Cucina interviewe Gianmaria Dolfo
Dans le numéro 227 Août/Septembre de Ambiente Cucina, une interview intéressante de Gianmaria Dolfo, administrateur délégué de GD Arredamenti: «Ne jamais oublier les origines pour envisager l’avenir».
Un leadership et une structure sociétaire rénovés, une organisation plus souple et plus jeune surtout sur le front du marketing et des ventes, une stratégie centrée sur les aspects de la distribution et sur l’export, sans pour autant oublier les origines et l’histoire productive de l’entreprise. Ce sont là les nouvelles coordonnées de GD Arredamenti, une société qui, en dépit de la crise, a su relancer et parier sur le futur. C’est Gianmaria Dolfo qui nous en parle, administrateur délégué de la maison.
Comment avez-vous réagi à la crise du secteur?
Comme tout le monde, nous avons été frappés par la crise, mais nous avons su rester calmes et envisager l’avenir en définissant une stratégie et une organisation différentes, et en rationalisant nos coûts avec des choix parfois douloureux. L’orgueil et la détermination de mon père et des collaborateurs, sans compter la mienne, nous ont soutenus dans les moments difficiles, nous n’avons jamais sérieusement pensé de quitter le terrain. Au contraire, la volonté a été de relancer…
Quelle est la structure actuelle de GD Arredamenti?
Notre histoire débute en 1969 avec mon père, Giuseppe Dolfo, et se poursuit de nos jours avec détermination à travers une structure sociétaire actualisée. Ce passage nous a permis de figurer parmi les rares entreprises du secteur cuisines qui ont survécu au tsunami de l’économie italienne. L’entreprise se présente actuellement au marché avec trois divisions productives: «Kitchen Collections», pour les projets de cuisine au design contemporain de tendance, «Living Collection», «Classic Collections» pour l’ameublement et les cuisines en bois sur mesure au style classique et les «Bathroom Collections» pour les meubles de salle de bain en bois, thermoformé et autres, au design moderne.
Votre histoire est liée à une grande compétence sur le bois, matériau qui retrouve une place importante dans le paysage actuel. Comment est-il interprété aujourd’hui par l’entreprise?
Le bois fait depuis toujours partie de l’ADN de GD Arredamenti. Dans la menuiserie que nous gérons depuis plus de 20 ans en Roumanie, nous achetons les troncs que nous vendent les bûcherons et les transformons pour réaliser les composants de nos meilleures cuisines. Pour nous le bois n’a jamais été une question de modes, mais plutôt une passion qui nous incite à nous dépasser et à innover au niveau des contenus, en sus des aspects esthétiques. Notre dernière réalisation, la technique 3S, en est un exemple. Il s’agit d’une porte fabriquée internement à trois couches superposées, en Chêne rouvre ou en Mélèze naturel ou teint. Une solution qui permet d’obtenir la plus grande fiabilité et durée d’une porte en bois, même sans recourir au châssis et donc esthétiquement plus contemporaine et épurée.
Que signifie «classique tendance» pour GD Arredamenti?
Cela équivaut à exprimer des contenus actuels de design, mais au-delà des modes éphémères. Non pas un exercice de style mais l’aboutissement d’une recherche du juste rapport forme-fonction qui ne peut faire abstraction de l’utilisation de matériaux en mesure de résister à l’usure du temps. Pour cette raison, l’esthétisme de la cuisine doit être moderne et classique à la fois, «timeless», comme disent les Anglo-saxons. Les principales caractéristiques dans la culture du projet de GD Arredamenti sont le respect, le sens de la rationalité, de l’ordre, de l’équilibre, de la mesure et de l’harmonie. Tous ces concepts sont valables à toutes les époques.
L’attention au contenu ne risque-t-il pas, à un moment comme celui que nous traversons, de bouleverser les coûts, et donc les prix, vers des niveaux peu compatibles avec les actuelles dynamiques du marché?
Le risque existe toujours, mais il arrive paradoxalement que les contenus – je pense notamment que si les matériaux comme le bois sont gérés avec une approche de production intégrée qui évite les logiques quantitatives (volumes d’achat, stock, hangars, machines, etc.) – ne vont pas nécessairement au détriment des coûts. Même pour ce qui est du prix, comme pour l’esthétisme, nous essayons d’utiliser le principe de la mesure, avec des propositions de valeur faites pour satisfaire ceux qui les possèdent et les utilisent.
Plus généralement, comment envisagez-vous le marché actuel et les perspectives pour les entreprises de cuisine italiennes?
Je crois qu’il est nécessaire de déplacer la perspective de «produit» à «projet». Et, comme nous le disions, de la «production» de l’article à sa «distribution». Les cuisines à bas prix sont de plus en plus l’apanage de GDO et sont fournies par des fabricants qui ont les épaules larges et avec des coûts de production en mesure de soutenir les marges malgré les bas prix imposés par la logique qui domine en Europe.
Dans ce sens, malheureusement pour nous italiens, les dimensions et l’organisation des grandes entreprises allemandes, et les faibles coûts des grandes entreprises intervenant dans les marchés en développement, l’emportent par rapport à la fragmentation industrielle typique de notre pays. Mais il est vrai que le projet cuisine «made in Italy» est apprécié à l’étranger, surtout auprès d’un segment de marché plus élevé et exigeant. En définitive, les entreprises italiennes qui savent bien conjuguer l’attention aux contenus de produit et à la qualité, qui ont la capacité de fournir des solutions sur mesure pour les exigences des concepteurs et qui proposent un service cohérent trouvent aisément leur place. Avec une attention particulière aux aspects de la distribution.
Qu’êtes-vous en train de faire dans ce sens?
Compte tenu de l’évolution du marché en Italie, nous visons à avoir moins de points de vente et à privilégier les plus qualifiés et ceux qui travaillent en partenariat avec l’entreprise. Les vendeurs capables de mettre en valeur les projets de l’habitation et la qualité, sans viser uniquement le prix. Nous observons toujours attentivement les potentialités de l’export, qui représente actuellement pour GD Arredamenti plus de 50% du chiffre d’affaires. La prochaine action sur les marchés internationaux sera l’ouverture d’un autre showroom en Indonésie, en plus de ceux de New York, Hong Kong, Londres, Moscou et bientôt d’Abu Dhabi, pour nous très importants. Nos showroom sont nos ambassadeurs, d’authentiques «foires» pour la promotion de GD Arredamenti.
Quelle est en définitive votre mission entrepreneuriale?
Notre philosophie d’ameublement et nos projets de cuisine contiennent tout ce qui fait de l’Italie un pays extraordinaire: l’histoire, les traditions, la beauté et la capacité de concevoir et de réaliser au-delà des sentiers battus. Les matériaux et la réalisation ne suffisent pas, il faut «savoir faire», en puisant l’inspiration de l’expertise des artisans vénètes du XVIIe et du XVIIIe siècle. Dès le début, nous avons essayer, comme entreprise, d’épouser le savoir faire des miroitiers, des «marangoni» (ébénistes de Venise), des tapissiers, des tailleurs de pierre dans les palais et les villas de Venise, Asolo et dans l’arrière-pays de Trévise et de Vicence.
Nous avons choisi d’interpréter les valeurs de cet artisanat traditionnel, d’en adopter les techniques et les pratiques savantes, en traduisant l’ensemble en un design contemporain.
Dans le monde, et nous en sommes heureux, existe une source importante de clients.